Le développement de l'évaluation et l'intérêt croissant pour la gestion des talents sont deux tendances à l'oeuvre dans les entreprises… pas si faciles à harmoniser, quand on ne réduit pas la notion de talent à celle de compétences… Performance, conformité réglementaire, formation… aucun secteur d'activité, aucune entreprise n'y échappent. Il s'agit que les entreprises puissent prouver aux autorités de tutelles que leur personnel a été formé au respect d'une nouvelle réglementation (santé, pharmacie, banques, assurances, industrie…). Il s'agit aussi d'assurer l'alignement des compétences individuelles et collectives sur les marchés x métiers, pour continuer de tenir sa place dans la compétition.
Encore faut-il savoir ce qu'on va évaluer : connaissances, compétences, attitudes, performance, etc. Et à quoi on va comparer le résultat de l'évaluation ! De fait, standards, référentiels en tout genre sont prospères, qui découpent finement et numérisent les objets dont ils traitent pour mieux les : analyser, agréger, recomposer dans les SIRH et les plateformes plateforme LMS et/ou de gestion des talents.
Justement, la gestion du talent devient progressivement une préoccupation majeure des entreprises qui ont pris conscience de la contribution du capital humain à leur performance économique. Leur but : mettre en œuvre une politique RH - recrutement, intégration, gestion de la performance, des carrières, de la mobilité, de la rémunération variable, des plans de succession - qui permette d'attirer, de développer et de fidéliser les talents.
La notion de talent fait-elle si bon ménage avec l'évaluation… Le talent n'est-ce pas in fine ce qui va permettre à celui ou celle qui en est doté(e), d'improviser, d'inventer une solution devant un imprévu. Le talent, c'est ce qui ferait potentiellement de tout salarié une sorte d'artiste ! Et c'est bien dans cette sphère de l'Art, du spectacle, et par extension de la publicité, que cette notion est encore la plus utilisée.
Que les entreprises tentent de se l'approprier, alors que l'accélération du business implique une belle capacité d'improvisation, rien de plus normal… quand la notion de compétences (forcément plurielle) suppose au contraire un monde relativement stable, prévisible (qui perdure heureusement en partie).
Si les entreprises évaluent régulièrement les compétences de leurs collaborateurs, il semble nettement plus complexe d'évaluer les talents… Comment apprécier, en effet, cette capacité d'invention, d'improvisation face à une situation originale ?
Un beau chantier, pour les praticiens et les chercheurs ; des perspectives pour une formation pouvant simuler des situations inédites ? Des serious games, par exemple, qui pourrait inventer, tester et former les talents ?
Article paru initialement dans Focus RH sous la signature de Michel Diaz
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